çà y est c'est fait
Jeudi 12 avril 2007
Il est 10 h lorsque j'arrive à la clinique. Je ne sais pas exactement ce qu'ils vont me faire mais je suis inquiète. Je décide d'accepter à nouveau de me faire reposer une électrode sans être endormie totalement.Ce sera la 3e fois qu'on essaie !
Je retourne donc avec la trouille au ventre au bloc opératoire. Malgré deux Atarax, je tremble comme une feuille. On m'installe à nouveau sur le ventre, on me met l'oxygène dans les narines, on me pique super bien cette fois-ci pour le cathéter. J'essaie de me détendre. Je bien que tout le monde est fébrile.
Je sursaute quand le médecin m'ôte le pansement de l'électrode que j'ai depuis un mois maintenant. Quelle andouille je suis !!! Même pas mal ! Puis je me mets à trembler terriblement. Impossible de me calmer. J'ai beau respirer à fond, rien n'y fait. Mon bras droit bouge tout seul et il paraît que mon corps fait des bonds. Le médecin me «menace» de tout arrêter si je ne me sens pas bien !
Electrochoc, je me calme pratiquement aussitôt. Comme quoi !!! le cerveau quand même !!!
Je réclame qu'on me shoote mais il n'en est pas question car il faut que dise où je ressente les fourmillemnts. Le médecin m'explique très gentiment ce qu'il fait : les piqures pour l'anesthésie générale.
Je suis encore tellement crispée que j'ai très mal juste pour les piqures que je ne suis même pas certaine d'avoir senti les autres fois !!! Puis petit à petit, un calme m'envahit. Je ne ressens rien, juste un petit frôlement quand il ouvre la cicatrice !!!
Il m'explique qu'il va m'enlever les deux électrodes placées il y a un mois.
Je sens que quelque chose glisse mais cela n'est pas douloureux même si j'ai l'impression qu'il est au marteau et au burin pour déclipser les plots de Marguerite (voir cliché radio de mon cou à moi, eh oui ! beau le squelette !)
Il y en a 4*2 soit 8 plots à ôter qui sont placés en cervicales 2-3-4-5.
Puis les médecins placent l'électrode définitive sans que je ne ressente rien du tout. J'entends l'anesthésiste qui arrive et qui très gentiment me prend la main et m'envoie la sauce pour que je m'endorme... Je me réveille doucement bercée par la morphine qui m'emmène dans des nymbes bienfaisantes... Lorsque j'arrive dans la chambre, l'Homme m'attend très angoissé depuis bientôt une heure. Il paraît que je vais lui raconter n'importe quoi ! Comme quoi, même à la sortie du bloc opératoire, je parle encore !!!
Vendredi 13 avril
Je dors toute la journée et je suis abrutie par tout ce que j'ai vécu la veille. Je suis fatiguée de souffrir, fatiguée de faire des navettes entre la maison et la clinique, fatiguée d'entendre dire que j'aime les hôpitaux et que j'aime me faire charcuter !!!
Samedi 14 avril
Je n'ai pas le moral et je m'effondre quand mon fils m'appelle le matin. Je souffre beaucoup et j'en ai marre de déranger les infirmières pour qu'elles me donnent des calmants mais je sais aussi que ma réaction est totalement idiote car en fait, je ne devrais pas endurer la douleur et savoir la quantifier avant que cela ne dégénère. L'après-midi j'ai la surprise de voir arriver ma nénette et mon grand-petit. Elle est tendue comme un arc car elle déteste l'odeur de l'hôpital, vestiges de son enfance passée à venir me voir dans ces lieux sans doute ! Mais elle est là et je suis heureuse de la voir. Elle est belle comme le jour et mon moral remonte en flèche. Je sais combien il lui en coûte de venir me voir là et je prends cela comme une belle preuve d'amour de sa part. Grâce à cette visite surprise, j'ai à nouveau envie de me battre pour ma famille : mes enfants et l'Homme. Je comprends aussi que mon grand fils a appelé sa soeur pour lui dire mon désarroi et mon moral dans les chaussettes. Il est loin et ne peut pas venir me voir alors mes enfants ont tout laissé tomber pour venir me remonter le moral ! L'homme aussi vient le soir et m'entoure de son amour. J'ai beaucoup de chance en fait. Je profite donc à « plein coeur » de ces doux instants de bonheur.
Dimanche 17 avril
Journée calme, repos complet, sieste au soleil dans mon lit de clinique.
Lundi 16 avril
Je suis réveillé à 6 heures pour prendre un frugal petit-déjeuner, seul repas qui me sera autorisé pour la journée. On me descend passer une radio vers 10 heures et l'attente recommence. J'essaie de lire, de regarder la télévision mais je n'arrive pas à me concentrer.
Je descends au bloc vers 14 heures et on me fait attendre dans le couloir avec d'autres patients. Le bloc dans lequel on m'installe est gelé car la climatisation ne fonctionne pas bien. J'ai très froid ! L'anesthésiste essaie de me faire rire en me demandant quel poids je fais et en blaguant sur la discrétion des femmes sur ce sujet !!! Il me fait respirer dans un masque et soudain je ressens cette langueur que je commence à connaître bien et pffttt, c'est parti.
Je rentre du bloc vers 18 heures mais j'ai très mal, une douleur incroyable me vrille dans le dos et sur le côté, là où est implanté le stimulateur. L'Homme ne sait plus comment faire ! Mais il prend ma main tout simplement et juste cela me rassure et me permet de tenir le coup. Son regard est si intense quand il me regarde que je sais qu'il comprend ce que je ressens. J'ai besoin de m'accrocher à lui afin de ne pas sombrer dans la folie tellement la douleur est forte. L'infirmière me pose une pompe à morphine et de la glace sur le côté et sur le dos. Petit à petit la douleur s'endort. J'ai l'impression d'avoir un démon, là planté sous mon bras et qui attend son heure, tapi au creux de moi. Je trouve une position allongée les bras le long du corps, les jambes bien parallèles la tête au creux de l'oreiller. L'homme me tient toujours la main et la caresse doucement. Sa chaleur emplit mon être et me calme un peu. Je réussis à m'endormir.
MC arrive pour brancher le stimulateur mais quand elle voit dans quel état je suis, elle renonce et propose de revenir le lendemain. L'homme discute avec elle et je me rends compte combien mon intervention et mon état l'inquiète de plus en plus. J'ai de la peine à avaler car lors de l'anesthésie générale, j'ai été intubée et comme ma gorge est fragile depuis que j'ai été opérée des cordes vocales, ma voix est très faible et le moindre déglutissement me fait mal.
Quand il voit que je suis plus sereine, l'homme décide de rentrer à la maison en veillant à éteindre mon portable afin de ne pas être dérangée ce soir. Pauvre chéri ! Je le regarde partir et je le trouve bien fatigué, le dos courbé sous le poids du tracas.
Je passe une nuit entre douleur intense et période de répit quand les infirmières montent les doses de morphine, de profenid et de perfalgan.
Mardi 17 avril
Je passe une partie de la journée à dormir malgré la douleur toujours présente mais un peu moins intense toutefois. Marie-Christine est venue me montrer comment fonctionne le stimulateur interne. Après avoir fait les réglages, je ressens de doux fourmillements enfin dans ma main et mon coude droit !!! Eureka !!! Jai l'impression d'être arrivée presque au bout d'un long chemin caillouteux. Le soir en faisant ma toilette, je constate que j'ai un énorme hématome à l'emplacement du stimulateur. Pas étonnant que j'ai mal !!!
Mercredi 18 avril
Ce matin, je me réveille doucement alors que le ciel s'allume. La brume se lève et laisse place au soleil qui éclaire ma chambre et me réchauffe le corps un peu douloureux encore. Le médecin regarde mon hématome et me dit qu'il a vu pire !!! Encourageant !!! J'ai donc droit à la glace qui me fait un bien fou. Demain en rentrant, je fonce à la pharmacie acheter de l'arnica en granules ! L'infirmière est charmante avec ses lunettes orange fluo et la jeune élève qui l'accompagne est super douce. L'équipe entière est gentille et compétente que ce soit au 2e ou au 3e étage.
Je décide d'aller prendre un petit café à la machine du 3e, le café y est meilleur qu'à la cafétéria d'en bas ! J'y croise le personnel hospitalier qui me reconnaît et qui me demande de mes nouvelles. Super çà, elles sont capables de se rappeler de leurs patients. Quand même étonnant quand on sait le nombre de personnes qui passent dans leurs services anti-douleur !!!
Jeudi 18 avril
Ce matin, après le petit-déjeuner, je reviens à la maison en VSL. Je suis fatiguée mais heureuse de me retrouver dans ma maison.
J'avais simplement oublié combien c'est bon d'être chez soi à force d'aller et venir.
Après avoir pris un bon café à l'ombre de ma terrasse, je ressens une vive douleur dans le ventre ! Las, la morphine a endormi mon intestin et la douleur qui me vrille est insupportable. Ma soeur que j'ai réussi à appeler entre deux hurlements fait venir le médecin. Celle-ci joue au plombier en faisant attention à ne pas trop me faire mal et au bout d'une heure, je suis enfin délivrée !!! Je crois que cette douleur là était la goutte qui fait déborder le vase c'est le cas de le dire !!! Je mettrai trois jours à m'en remettre !!!